Transmettre son entreprise à ses salariés, c’est possible ! Et c’est même une solution de plus en plus envisagée, notamment quand il n’y a pas de repreneur évident dans l’entourage du cédant, ou quand la « bonne » rencontre tarde à se faire. Mais comment procéder concrètement ? Quels sont les pièges à éviter, les conditions à réunir et les avantages à y voir, pour soi comme pour ses collaborateurs ? Voici les principaux éléments de réponse.

Selon l’Observatoire des Entreprises, chaque année en France, près de 75 000 entreprises sont susceptibles d’être transmises. Pourtant, une grande partie d’entre elles disparaissent faute de repreneur. Un paradoxe, alors même que des repreneurs potentiels sont parfois… juste sous le nez du dirigeant. Salariés expérimentés, fidèles, impliqués, ils connaissent l’entreprise comme leur poche.

Mais rarement leur vient l’idée – ou l’opportunité – de reprendre le flambeau. Pourquoi cette solution reste-t-elle encore trop marginale ? Par manque d’information, souvent. Par peur aussi : celle que les salariés ne soient pas intéressés, ou qu’ils n’aient ni les moyens ni les compétences pour reprendre l’affaire. Pourtant, dans bien des cas, cette transmission « en interne » peut être une solution simple, humaine et sécurisante, à condition d’être anticipée et bien accompagnée. C’est ce que nous allons voir ensemble dans ce dossier !

Cession à vos salariés : un beau succès potentiel

Contrairement aux idées reçues, transmettre son entreprise à ses salariés ne signifie pas tout lâcher du jour au lendemain, ni brader son travail. Il existe plusieurs solutions juridiques qui permettent un passage de relais structuré, progressif et sécurisé. Par exemple :

  • La SCOP
    La Société Coopérative et Participative est l’une des formes les plus connues. Dans ce modèle, les salariés deviennent majoritaires au capital et détiennent collectivement le pouvoir de décision. Ils élisent leurs dirigeants et partagent équitablement les bénéfices. C’est un modèle fondé sur la démocratie d’entreprise, qui séduit de plus en plus.
  • La SCIC
    Autre possibilité : la Société Coopérative d’Intérêt Collectif permet d’associer, en plus des salariés, d’autres acteurs comme des clients, des fournisseurs, ou encore des collectivités territoriales. Un moyen de consolider l’ancrage local de l’entreprise.
  • La holding
    Cette troisième alternative est aussi très intéressante. Elle permet aux repreneurs de regrouper leurs moyens financiers, d’emprunter plus facilement et de structurer le rachat par étapes. Le dirigeant peut ainsi céder ses parts progressivement, tout en restant impliqué pendant la période de transition.

Dans tous les cas, il n’est pas nécessaire de céder la totalité de l’entreprise immédiatement. Une montée en puissance progressive des salariés au capital est souvent la clé d’une reprise réussie.

Sachez également que selon les chiffres de la Confédération Générale des SCOP, le taux de pérennité à 5 ans des entreprises transformées en coopérative était de 79 % en 2024, soit bien au-dessus de la moyenne nationale (61 % seulement d’après l’INSEE) ! Cela s’explique notamment par une forte implication des salariés, devenus codécideurs et coacteurs de la réussite de l’entreprise.

Enfin, vous concernant, céder votre entreprise est aussi une manière de valoriser votre engagement, de transmettre un projet de vie autant qu’un outil de travail. C’est aussi l’assurance de préserver les emplois, l’ADN de l’entreprise et, si c’est votre cas, un savoir-faire unique.

Des freins à lever

Comme nous l’avons vu en introduction, côté cédant, plusieurs freins peuvent ralentir la démarche : peur que les salariés ne soient pas intéressés, doute sur leurs compétences entrepreneuriales, ou encore crainte de ne pas vendre l’entreprise à sa juste valeur. Il peut aussi y avoir une charge émotionnelle forte : laisser son entreprise entre d’autres mains n’est jamais simple, même quand ces dernières sont familières.

Côté salariés, les freins sont souvent liés à un manque d’information ou de confiance. L’idée de devenir patron peut s’avérer quelque peu impressionnante… Certains peuvent s’interroger : « Et si ça ne marchait pas ? » « Serai-je capable de gérer ? » « Comment trouver les fonds ? », sans toutefois trouver de réponse satisfaisante. Ces appréhensions sont naturelles, mais elles ne doivent pas devenir bloquantes.

De nombreux outils existent pour accompagner cette transition : diagnostics partagés, formations à la gestion, accompagnement juridique, appui financier… Des structures comme la CCI et la CMA de votre région, ainsi que divers réseaux d’accompagnement, peuvent vous aider à lever ces doutes et transformer un projet flou ou anxiogène en un parcours concret et progressif, où chacun trouve sa place. Ces différents accompagnements mis à votre disposition aident aussi à anticiper les éventuels conflits ou incompréhensions, en posant un cadre clair et partagé.

Enfin, gardez à l’esprit que, comme toute transmission d’entreprise, une reprise par les salariés ne s’improvise pas. L’idéal est de commencer à y réfléchir au moins deux à trois ans avant la cession envisagée. Cela permet de préparer les salariés, de structurer juridiquement la transmission, de calibrer le plan de financement et d’instaurer un climat de confiance et de coopération.

Une solution d’avenir et de territoire

Vous l’aurez compris : transmettre son entreprise à ses salariés, ce n’est pas seulement organiser sa sortie. C’est aussi offrir un avenir collectif à ce qui a été construit, maintenir l’activité et les emplois sur le territoire et renforcer l’ancrage local de l’entreprise. Ce modèle a du sens, notamment dans les secteurs où les savoir-faire sont rares, où la relation client est précieuse, et où l’engagement des équipes est un levier de performance.

Il permet aussi de renouveler la gouvernance des entreprises, en intégrant plus de participation, de transparence et d’agilité. À l’heure où les entreprises cherchent à conjuguer sens, performance et résilience, la reprise par les salariés s’inscrit dans un mouvement plus large de transformation positive de l’économie. Elle permet de construire un avenir stable, durable et porteur de sens – pour les salariés, les filières et les territoires.

En somme, transmettre à ses salariés n’est pas toujours la voie la plus simple. Mais c’est souvent l’une des plus cohérentes et gratifiantes. Pour soi, pour eux, et pour l’entreprise elle-même. C’est une alternative qui vous séduit ? Alors la première étape consistera à oser en parler, évoquer avec vos collaborateurs la question de l’avenir, sonder leur intérêt, écouter leurs aspirations… Puis, si le projet semble mûr, vous faire accompagner pour poser les bases solides d’une transmission réussie. N’hésitez pas à contacter la CCI ou la CMA de votre région, nous nous ferons un plaisir de vous orienter !

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