Si nos deux précédents dossiers abordaient plutôt les questions à se poser en tant que repreneur individuel, ce troisième volet aborde une version plus particulière de la cession-reprise : la transmission entre membres d’une même famille. Sachez que même si vous n’êtes pas directement concerné, connaître les tenants et aboutissants dans ce cas de figure vous sera forcément utile en cas de transmission entre une famille et un tiers.

D’après une étude récente menée par l’institut Montaigne, plus de 80 % des TPE, PME et EPI présentes dans l’hexagone sont des entreprises familiales. Ce chiffre colossal en dit long sur le rôle que jouent ces entités hors du commun dans l’économie française, mais aussi sur les capacités qui les différencient des autres entreprises, comme leur grande stabilité, ou encore leur résilience par temps de crise. Si en apparence le modèle d’entreprise familiale a tout pour plaire, il possède quand même ses propres particularités qu’il est bon de connaître avant de se lancer dans l’aventure.

Les précautions à prendre

  1. Être au clair
    Si la transmission d’entreprise entre membres d’une même famille peut avoir l’air d’une autoroute à l’horizon bien dégagé, la réalité est souvent plus complexe. Avant toute chose, il faut par exemple déterminer le degré de volonté du membre repreneur dans le projet : en a-t-il réellement envie, ou au contraire se sent-il contraint ? Dans le second cas, inutile de dire que sous pression, une reprise ne pourra donner que de mauvais fruits à plus ou moins long terme. Mais la résistance peut tout aussi bien provenir du parent cédant qui, après de nombreuses années d’investissement personnel et total dans l’entreprise, pourrait avoir du mal à s’en détacher pour en confier les rênes.
  2. Être prêt.e
    En tant que futur repreneur, quiconque peut supposer que votre connaissance de l’entreprise est excellente, et que vous possédez les compétences nécessaires pour prendre vos fonctions à tout moment. Pourtant, les cas de transmission familiale où le repreneur n’est pas du tout prêt à sauter le pas, ne sont pas rares. À moins d’avoir déjà travaillé au sein de l’entreprise, vous serez sans doute amené à réaliser dans un premier temps un bilan de compétences, qui pourra être suivi d’une formation spécifique. Une chose est sûre : l’accès libre à l’entreprise dans les mois et années précédant la transmission ne pourra que vous aider à vous familiariser avec l’activité, ainsi que l’environnement technique et humain qui vous attendent. Du côté du cédant, il s’agira plutôt de préparer le terrain comme il se doit afin que le(s) successeur(s) puissent prendre leurs fonctions le plus sereinement possible.
  3. Être en bonne entente
    Cela peut paraître évident, mais chacun sait que la famille en tant que système est capable de générer autant de discorde que de sérénité entre ses membres. Car bien que l’amour, la confiance, la loyauté et les liens uniques de parentalité constituent un socle solide, ils sont aisément mis à mal par des perturbations extérieures de toute nature (économique, sociale, personnelle…), ou même seulement par une trop grande divergence de points de vue. C’est pourquoi il est crucial de veiller à échanger en bonne intelligence. Sur ce point, des outils concrets de communication peuvent vous être d’une grande utilité. Citons par exemple l’intervention d’une tierce personne comme médiateur dans le cas d’un conflit ouvert, ou plus simplement l’usage des principes de la CNV (Communication Non-Violente) pour aider chaque interlocuteur à se faire entendre et comprendre dans toute sa singularité.

Les avantages et les inconvénients

  1. Les avantages
    Si les entreprises familiales ont la réputation d’être stables, pérennes, sécurisantes et résilientes (et ce quels que soient leur taille et leur secteur d’activité), ce n’est pas un hasard ! L’entreprise représentant la source de revenus de la famille, elle est généralement gérée avec prudence et sagesse pour le bien des générations futures. Le risque pour le repreneur de découvrir une mauvaise gestion à rectifier dans l’urgence est donc minime. De la même façon, la seule notion de famille suppose une continuité, une vision à long terme qui font de l’entreprise un repère fiable et solidement ancré dans son territoire. De plus, les chances que les investissements nécessaires aient été réalisés avant la transmission sont excellentes, déchargeant ainsi le successeur d’une préoccupation qui incombe à bon nombre de repreneurs en général.

    Autre avantage et non des moindres : l’aspect financier et fiscal. Tout d’abord, le prix peut être déterminé de façon beaucoup plus flexible, suivant les financements que le repreneur obtient et la santé financière de l’entreprise. De plus, les conditions de financement sont plus souples, grâce à la possibilité de recours au crédit-vendeur. Les plus-values de cession, elles, peuvent faire l’objet d’une exonération partielle ou totale, sous certaines conditions.

  2. Les inconvénients
    Comme vu plus haut, la difficulté peut venir du parent cédant, qui aura un certain mal à « confier le bébé » à son successeur, ce qui peut tout à fait se comprendre. Entre l’ancienneté, les habitudes de gestion, le rôle central dans l’entreprise et la connaissance intime des lieux, des effectifs, des clients… Craindre que le repreneur ne perpétue pas ce fruit de tant d’années de travail est parfaitement humain. D’ailleurs, ce dernier peut éprouver de grandes difficultés à remplacer son parent aux yeux des salariés, qui pourront avoir vis-à-vis de lui des attentes particulièrement élevées, voire une posture plus ou moins assumée de méfiance… Gagner leur confiance ne sera alors pas chose aisée. Tout cela sans compter une notion plutôt évidente : le poids psychologique de l’héritage. En effet, l’entreprise n’est jamais léguée seule, mais avec de nombreux enjeux : ne décevoir personne, faire perdurer et fructifier l’entreprise dans l’histoire familiale, se montrer digne des générations précédentes… La pression réelle ou illusoire que se mettent les repreneurs peut prendre diverses formes. Dans ce cas, le mieux reste de :
  • Communiquer vos ressentis en les verbalisant.
  • Tout anticiper autant que possible (formation, démarches administratives…).
  • Ne jamais se précipiter.

Ces quelques conseils étant de l’ordre du bon sens, nous ne doutons pas que la cession-reprise de votre entreprise familiale peut être une véritable réussite à inscrire dans votre histoire commune. Et le PACTE Transmission-Reprise peut vous y aider 😉

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