Cession solidaire d’une boulangerie : une histoire de famille
Depuis juillet 2023, « Le Fournil Tuot » à Sedan est devenu « Au fournil d’Alex ». Cette boulangerie de quartier est désormais entre les mains d’Alexis Valery, qui gère l’établissement avec sa soeur et sa mère. Contraint de quitter son activité pour raisons de santé, Morgan Gerardot, l’ancien propriétaire, leur a cédé gratuitement le fonds et une clientèle fidèle. Rencontre avec un jeune entrepreneur déterminé.
À Sedan, ville moyenne par sa population, grande par son dynamisme commercial – plus forte baisse du taux de vacance commerciale en France en 2023 – Alexis Valery, 30 ans, fait partie des jeunes entrepreneurs qui participent à cette renaissance.
Une belle preuve de détermination, dans un secteur que la hausse des coûts de l’énergie et des matières premières ont durablement touché. Et, pour Alexis, un petit coup de pouce du destin. Il aura en effet suffi d’une petite annonce sur Internet pour changer sa vie.
D’un côté, Morgan, l’ancien propriétaire, ne parvenait pas à vendre. De l’autre, Alexis, déjà salarié dans une autre boulangerie, rêvait depuis longtemps de devenir son propre patron. L’un se heurtait à la frilosité des marchands de farine, souvent essentiels dans la recherche d’un repreneur. L’autre faisait face à un obstacle commun pour bien d’autres jeunes désireux d’entreprendre : le manque de fonds pour se lancer. « La banque demande souvent un gros apport et quand j’ai démarré à 20 ans, c’était difficile. », explique Alexis.
Une opportunité unique
Lassé de voir sa boulangerie menacée de disparition, Morgan prend la décision d’offrir son fonds de commerce et sa clientèle. Informé par un ami de l’annonce, Alexis se saisit sans attendre de cette formidable opportunité. Morgan reste propriétaire du local, mais l’histoire de ce commerce de proximité, auquel les habitants sont attachés, peut continuer.
Bien sûr, une cession solidaire n’est pas sans coûts. Alexis a dû prendre en charge les frais de notaire, le rachat du matériel et certaines dettes liées à l’activité. « Mais au final, cela représentait environ un cinquième de ce que cela m’aurait coûté pour une création classique », explique-t-il. Avec un prêt d’Ardenne Initiative et le soutien de sa famille, Alexis a pu concrétiser son rêve d’indépendance.
Et la transition avec Morgan s’est faite en douceur. « Il me connaissait déjà parce que j’étais pâtissier dans un village voisin. » explique Alexis. « Il a préféré me confier sa boulangerie plutôt qu’à un entrepreneur établi, parce qu’il voulait quelqu’un de compétent, bien sûr, mais aussi en qui il avait déjà confiance, pour le bien de sa clientèle. »

Une aventure familiale
Pour mener à bien cette reprise, Alexis n’était pas seul. Il a pu compter sur le soutien indéfectible de sa famille. « Ma mère s’est occupée de toutes les démarches administratives. Sans elle, je n’aurais pas réussi », confie-t-il.
Élisabeth, 55 ans, y a vu une nouvelle opportunité professionnelle : « J’avais ouvert une entreprise de couture après un licenciement, mais j’ai réduit cette activité pour épauler Alexis. Aujourd’hui, c’est une belle transition pour moi aussi. »
Avec sa sœur Joy, également impliquée à la vente, le trio familial forme une équipe soudée qui partage les responsabilités au quotidien. Et malgré les incertitudes du marché, Alexis garde le cap : « Satisfaire nos clients, développer la réputation de la boulangerie et tenir le plus longtemps possible. »
Une transmission réussie
Du point de vue d’Alexis, la conclusion est claire : la création d’entreprise n’est pas la seule voie pour gagner son indépendance. Il estime au contraire que cette expérience peut et doit inspirer d’autres jeunes repreneurs. « Si on s’en sent capable, il ne faut pas hésiter, il faut se lancer. Si ça marche, tant mieux. Et si ça ne marche pas, ce n’est pas grave : on tombe, on se relève et on repart vers autre chose. »
De son côté, Morgan Gérardot a su transmettre son entreprise dans des conditions atypiques mais profondément solidaires. Tout en préservant l’âme du commerce et sa clientèle. Un modèle de cession qui prouve que même dans un contexte difficile, la transmission peut devenir une réussite pour toutes les parties.
Cette reprise est une histoire d’audace, de résilience et de solidarité. Avec le soutien de sa famille et la volonté farouche de réussir, Alexis incarne une nouvelle génération d’entrepreneurs, prête à se retrousser les manches et à relever les défis de leur époque. Une belle leçon pour tous ceux qui hésitent encore à franchir le pas.
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