Comment aborder la reprise d’une entreprise individuelle sans salariés ?
Un cas de figure auquel on pense moins spontanément, et qui est pourtant plus fréquent qu’on ne l’imagine… Pour ce n°11 de notre rubrique Question/Réponse, nous avons fait appel à Éliane Sobaszek, conseillère en création et transmission d’entreprise à la CCI Meuse Haute-Marne. La question du jour vous en inspire d’autres ? Si nous n’y avons pas déjà répondu, n’hésitez pas à nous les transmettre via nos réseaux sociaux, dont vous trouverez les liens en bas de page. À présent, focus sur un type d’entrepreneurs bien particulier…
Avant toute chose, rappelons qu’un entrepreneur individuel n’est pas forcément sans salariés. En effet, le terme « individuel » signifie seulement que le chef de l’entreprise est l’unique responsable de son établissement. Ainsi, si son statut l’empêche par exemple d’avoir un associé, il lui permet en revanche d’employer une équipe. C’est pourquoi le cas des EI sans salariés est encore plus singulier…
La marche à suivre
Comme dans tout projet de transmission-reprise, le repreneur commence par ouvrir un dialogue informel avec le gérant actuel de l’entreprise. Il s’agit de faire un premier état des lieux : comment se porte l’activité, quel est le profil de la clientèle, mais aussi et surtout, quel est le métier en question. Sur ce point, le repreneur devra être attentif à la manière dont le cédant présente son métier, aux mots qu’il emploie (est-ce de façon positive ou non, détaillée ou non, etc.). Une écoute soutenue et des questions précises lui permettront de bien saisir l’ADN de l’établissement qu’il convoite. Cette première exploration lui permettra de voir s’il arrive à se projeter dans l’activité qu’il vise, à la place du cédant. Ce dernier doit également mettre en avant le potentiel de l’entreprise, un argument de vente de choix face à un repreneur ambitieux. Une fois ces différents points parcourus, le repreneur peut alors passer à la transmission à proprement parler : quand peut-elle se faire ? À quel prix ? Quelle est la marge de négociation ? Et ainsi de suite.
Les écueils à éviter
Il m’arrive de croiser des repreneurs insatisfaits car ils ont eu de mauvaises surprises post-reprise. Dans d’autres cas, la transmission s’est bien passée, mais ils réalisent que le prix de rachat était trop élevé. Si bien qu’ils ne peuvent encore dégager de salaire durant les premiers temps de l’activité. D’autres enfin réalisent que l’entrepreneuriat leur convient moins bien que le salariat, et décident même de revenir à ce dernier… Ces cas de figure ont tous un point commun : la précipitation dans la prise de décision. Je vous conseille donc de bien prendre votre temps, de peser le pour et le contre… et d’écouter votre conseiller de chambre consulaire ! L’autre point important, c’est d’être au clair avec sa motivation. Il faut pouvoir répondre clairement à la question « Pourquoi je reprends cette entreprise ? » Cela peut paraître évident, mais une EI devient ce que l’on en fait. Vous pouvez décider de poursuivre seul ou de trouver des associés, de développer ou non de nouveaux aspects de l’activité, de prendre des salariés si vous n’en avez pas… Bref, avoir une idée claire de la suite vous permettra de mieux savoir où vous allez.
L’importance des conseillers
Généralement, le meilleur conseiller qu’un cédant puisse avoir est son expert-comptable qui vient renforcer, le cas échéant, le diagnostic de son entreprise réalisé par le conseiller consulaire (ndlr : ce diagnostic non-obligatoire est proposé dans le cadre du pacte transmission-reprise). Et cela se comprend : l’enjeu central d’un projet de cession est bien souvent le prix de vente. Le repreneur, lui, trouvera plutôt des conseillers de choix à la CCI ou la CMA de sa région. Bien sûr, me concernant, je reste toujours à l’écoute des cédants. Mais là où mon intervention est la plus pertinente, c’est dans la défense des intérêts du repreneur, qui peut d’ailleurs également être épaulé par sa banque lorsqu’il faudra par exemple argumenter durant la négociation. Hormis ces intervenants, mieux vaut éviter de se fier à d’autres types de personnes gravitant autour du projet de cession-reprise sans véritable connaissance des tenants et aboutissants. En effet, elles pourraient vouloir défendre leurs intérêts personnels au détriment des vôtres. Enfin, notons que si les deux parties ne peuvent se passer d’expertises précieuses venant de l’extérieur, elles restent seules actrices de leur dialogue, de leur projet commun, et de leurs choix.
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