Si pour certains repreneurs l’entrepreneuriat est une évidence, pour d’autres, c’est un véritable obstacle. Il n’est pas rare de les voir tergiverser avec eux-mêmes pendant des années. Quitte, parfois, à ne jamais réaliser leur rêve. Comment apprivoiser ses peurs et transformer le stress engendré en force exploitable au quotidien ? Aujourd’hui, c’est Thomas Menweg, artisan-pâtissier basé à Metz, qui nous en parle.

Tout a commencé au Luxembourg. J’officiais en tant que responsable de production dans une glacerie. D’un côté, ma rémunération me convenait très bien. Mais de l’autre, je n’étais plus réellement satisfait par mon métier au quotidien. Le sens de ce que je faisais m’échappait chaque jour un peu plus. C’est là que je me suis dit : « Et si j’avais ma propre entreprise ? ».

Cette nouvelle perspective m’a tout de suite enthousiasmé. Mais je me suis vite heurté à une appréhension folle. Dans ma tête, c’était tout simplement impossible que j’aie ma propre boîte. Ce n’est pas que je m’en sentais incapable… Mais mon principal frein était l’argent. J’étais persuadé qu’il fallait un apport très conséquent. Pourtant, en prenant le temps d’appréhender les contours de mon projet, j’ai peu à peu réalisé que je me trompais.

Trouver sa voie

Depuis tout petit, je baigne dans l’univers de la boulangerie-pâtisserie. Plus jeune, j’aidais un proche dans son établissement. Au fond de moi, je rêvais de devenir designer, mais j’ai raté mes concours… Ce qui a finalement été une excellente chose ! La vie m’a ainsi ramené vers la pâtisserie. Des milliers d’heures d’expérimentation et d’apprentissage plus tard, j’ai participé à de nombreux concours régionaux. J’ai notamment obtenu les titres de Deuxième meilleur apprenti d’Alsace, ce qui m’a permis de me démarquer. En somme, si vous n’avez pas d’évidence, pas de panique : vous pouvez vous confronter, sans pression, à ce que vous pensez vouloir faire. Tester, c’est le meilleur moyen de savoir si cela peut nous plaire pour des années entières. Une fois que c’est clair dans notre esprit, on peut se lancer.

Le mode « pas-à-pas »

En toute logique, j’ai commencé par me renseigner auprès de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat, des banques, et sur internet. Durant ce premier tour d’horizons, j’ai consulté plusieurs annonces et visité plusieurs entreprises avant de tomber sur la mienne. Souvent, c’est la peur de rater une bonne affaire qui nous fait faire un choix hâtif. En prenant le temps de comparer les offres, on s’assure de prendre des décisions bien plus avisées. Ce temps-là permet aussi de bien étudier le marché, d’apprendre à connaître le terrain, le lieu d’implantation, les concurrents, la cible… Et tout cela contribue à diminuer l’anxiété devant l’envergure du projet. J’ai d’ailleurs appliqué cette comparaison des offres à presque tous les aspects de ce dernier. Y compris au choix du comptable qui m’accompagne aujourd’hui ! Le reste a suivi : étude des chiffres, négociation du prix, dépôt de demandes de financement auprès de plusieurs banques… Finalement, le plus long aura été l’attente pendant le traitement de mon dossier en commission. Mais même là, on peut compter sur de précieuses ressources.

Le « mindset »

Dire que tout est allé comme sur des roulettes serait mentir… Quand on devient entrepreneur, les défis, les risques d’erreurs voire les échecs, c’est tous les jours. Cela va de pair avec les succès, les bonnes surprises et les récompenses. Voilà pourquoi il est capital d’être bien entouré. Ma conseillère à la CMA Moselle a été d’une aide précieuse pour certaines demandes spécifiques. Mon épouse et ma mère – la seconde travaille d’ailleurs avec moi côté vente – ont été et sont toujours d’un immense soutien. Gérer la paperasse, les demandes de subvention, les imprévus comme l’inflation actuelle, les mauvaises surprises suite au rachat de l’entreprise… Tout cela demande d’avoir un bon entourage, les nerfs solides, et d’être le plus prévoyant possible. C’est comme cela que j’ai pu assurer dernièrement de grosses dépenses sans que cela mette à mal la santé financière de ma boîte.

Aujourd’hui, grâce à ce savant mélange du bon état d’esprit, du pas-à-pas et des bonnes ressources intérieures et extérieures, j’ai toujours espoir de pouvoir ouvrir un second point de vente avec un nouveau laboratoire, dans les 5 ans à venir.

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