Des chiffres et des compétences
Les ventes et cessions d’entreprises ont bien repris à la hausse en 2021. L’humain et ses compétences restent la valeur clé de ces histoires entrepreneuriales. Coup d’œil dans le rétroviseur pour mieux raconter la suite.
Le cabinet Altares, véritable référence de l’information sur les entreprises, a dévoilé au début du mois de juin 2022 les chiffres de la transmission d’entreprise en France en 2021. Le niveau qui prévalait avant la crise sanitaire n’est pas encore atteint. Mais avec une hausse de 9,5 % sur un an – alors que les ventes et cessions d’entreprises avaient reculé de 10,5 % en 2020 – les radars sortent du rouge. Le Grand Est se situe légèrement au-dessus de cette moyenne, avec une hausse de 9,7 % du nombre de transactions de fonds de commerce par région.
À défaut d’un redémarrage en trombe, l’embellie redonne un peu d’air aux cédants comme aux repreneurs. Et pour la première fois depuis 10 ans, le montant moyen des transactions dépasse les 200 000 euros.
L’étude révèle toutefois une disparité qui existait bien avant la crise. L’Insee la pointait en effet du doigt dès 2010. « Les petites villes de moins de 3000 habitants concentrent seulement le quart des transmissions, alors qu’elles représentent 90 % des communes françaises », observe Thierry Million, directeur des études Altares.
En révélant que 20 % des transmissions d’entreprises restent cantonnées aux 50 plus grandes villes françaises, l’étude ventes et cessions d’Altares confirme que la revitalisation de nos territoires ruraux est « plus que jamais d’actualité », assure Thierry Million. « Car faute de repreneur, ce sont les commerces de proximité – boulangeries, épiceries, cafés-restaurants, pharmacies, coiffeurs ou buralistes – qui baissent le rideau dans de nombreux territoires ruraux ».
La transmission, un enjeu intergénérationnel
Bien que centrée sur les entreprises de la branche bureaux d’études techniques, des cabinets d’ingénieurs-conseils et des sociétés de conseils, une étude de l’ADESATT (Association d’Études, de Suivi des Activités et des Transformations du Travail) cristallise quelques enjeux majeurs de la transmission. Elle interroge en effet non seulement les problématiques techniques d’une transmission, mais également la capacité des entreprises à « transmettre aux générations futures les savoirs et les savoir-faire ».
Or, comme le souligne un article sur le site de Cinov Conseil, syndicat pluridisciplinaire de la Fédération Cinov qui rassemble toutes les filières de l’Ingénierie et du Conseil, « la transmission des compétences est inhérente au maintien des expertises, de la qualité des prestations et de l’activité ».
Et par quelle variable passe cette transmission, on vous le donne en mille ? Les talents qui composent l’entreprise. 57 % des répondants de l’étude « reconnaissent avoir au sein de leur organisation des collaborateurs indispensables à la survie de leur activité ». Les chefs d’entreprise de cette branche n’en font pourtant pas un enjeu stratégique. Probablement par manque d’information. Ce n’est pas un hasard s’ils sont 77 % de dirigeants à déclarer avoir « besoin d’être accompagnés pour céder leur entreprise ».
Des initiatives dans le Grand Est
Aux côtés du Pacte Transmission-Reprise, toutes les initiatives qui peuvent faciliter la reprise d’entreprise dans le Grand Est sont les bienvenues. On salue donc bien volontiers Initiative Grand Nancy, dispositif de financement participatif officiellement lancé le 8 mars 2022, après une phase de test concluante au pic de la crise sanitaire.
Les Tablettes Lorraines ont profité de la signature d’un accord entre EDF et ce nouvel outil de financement, pour interroger Dominique Erard, le président d’Initiative Grand Nancy. Ce dernier a insisté : « Le financement proposé sera porté par des individus. C’est une opération de proximité avec des projets ancrés dans les territoires ».
Toujours dans Les Tablettes Lorraines , qui révélait en avril 2022 les résultats d’une enquête réalisée par le réseau des Chambres de Commerce et d’Industrie au second semestre 2021, on apprend donc que :
- seul 1 dirigeant de plus de 50 ans sur 2 a déjà songé à la transmission de son entreprise ;
- 37 % des dirigeants interrogés assurent n’avoir aucune connaissance des étapes et de la durée d’une transmission d’entreprise ;
- 77 % d’entre eux n’identifient pas d’obstacle à la cession de leur entreprise.
Et pourtant, écrire la suite de l’histoire n’est pas si simple. C’est la raison d’être du Pacte Transmission-Reprise, qui multiplie les initiatives sur le territoire pour faciliter la mise en relation des cédants et repreneurs. C’était le cas le 10 mai dernier à Gérardmer, avec l’organisation du 1er « Speed Dating de la Transmission-Reprise d’entreprise », dont se sont fait l’écho les Tablettes Lorraines et plus largement le site d’information local Gérardmer Info.
Christophe Richard, en sa qualité de Président de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de Région Grand Est, en a profité pour mettre le doigt sur l’importance cruciale d’un tel événement. « On constate que la transmission est essentielle sur notre territoire et qu’elle peut avoir un impact négatif lourd de conséquences sur certains quartiers, villes ou villages pour qui le maintien du dynamisme et même du lien social passent par le maintien des commerces, artisans et autres entreprises qui sont implantés. On a besoin de ces commerces ! ».
En effet, les chiffres, encore eux, sont sans appel : un artisan vosgien sur quatre a 55 ans et plus (soit près de 3 115 artisans).
Une déduction fiscale qui encourage la reprise
Si l’histoire et la vie d’une entreprise sont parfois compliquées, il arrive que ce soit la réglementation qui apporte son lot de bonnes nouvelles.
Sur GPO Mag, on en apprend ainsi davantage sur un attendu fort des dirigeants : la possibilité de déduire fiscalement, de son résultat imposable, le montant de l’amortissement temporaire du fonds commercial, « si l’amortissement est comptablement justifié ».
En règle générale, si l’on s’en réfère aux strictes règles comptables, la durée d’utilisation d’un fonds commercial est potentiellement illimitée et ne peut donc pas faire l’objet d’un amortissement. Mais la Loi de Finances 2022 a émis une mesure dérogatoire qui autorise cette déduction pour les fonds commerciaux acquis (et non créés) entre le 1er janvier 2022 et le 31 décembre 2025.
Une incitation bienvenue pour doper le financement de la reprise de petites entreprises, car attention et pour rappel, cette dérogation ne concerne que les entreprises de moins de 50 salariés dont le bilan est inférieur à 6 millions d’euros et le chiffre d’affaires net inférieur à 12 millions.
Un boulevard pour nos petites entreprises et nos petits commerces de proximité, qui ont bien besoin d’être encouragé à raconter la suite de leur histoire.
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