Pour cette neuvième Question/Réponse sur la transmission-reprise, nous avons fait appel à l’expertise de Denis Buzy, conseiller entreprises à la CMA Grand Est. La lecture de nos articles ou vos propres réflexions vous inspirent des interrogations ? Vous aimeriez qu’on y réponde ? N’hésitez pas à nous les transmettre via nos réseaux sociaux, dont vous trouverez les liens en bas de page.

Aujourd’hui, on répond à une question qui peut sembler simplette au premier abord, mais qui revêt des aspects très subtils !

Denis Buzy,
conseiller entreprises

Dans le cadre d’un projet de reprise, entre une entreprise pérenne et une entreprise en difficulté, le choix est vite fait. Pourtant, il n’est pas impossible de rencontrer des repreneurs désireux d’acquérir une entité à la santé financière fragile. Masochisme ? Inconscience ? Si on pourrait le supposer, la réalité en est bien loin. Pour la comprendre, nous allons voir en quoi précisément ces deux types d’entreprises diffèrent sans pour autant s’opposer diamétralement.

Une différence irréductible

Avant toute chose, tout projet de reprise passe par la demande d’un prêt bancaire. Généralement, l’apport de fonds propres attendu est de 10 % minimum. Plus il sera important, plus la banque sera rassurée sur la capacité de remboursement du repreneur. Le dossier de demande passe alors devant un comité de sélection. Plusieurs paramètres sont étudiés : la bonne santé générale de l’entreprise, la dynamique de son secteur, ses bilans comptables des 3 dernières années, mais aussi les résultats de son activité. En effet, si ceux-ci sont bons, on peut supposer qu’ils se reproduiront à l’avenir. Mais parallèlement, et en toute logique, le prix proposé par le cédant sera aussi plus « ambitieux », donnant lieu à une négociation plus ou moins longue. Cela sera moins le cas d’une entreprise en difficulté. On peut également imaginer le regard qu’une banque lambda porterait sur une telle entreprise… Pour le dire simplement, mieux vaut ne pas s’attendre à une réponse favorable. Mais pour autant, tout n’est pas perdu ! Reste à cerner cette notion de « difficulté ».

Une notion complexe

D’une entreprise à l’autre, le degré et la nature des difficultés diffèrent beaucoup. Parfois, la situation est telle qu’elle implique un passage au tribunal de commerce. Il y a des procédures amiables pour essayer de trouver des accords avec les créanciers.
Mais si les dettes sont trop importantes et les actifs disponibles insuffisants, il y a cessation de paiement, donc jugement du tribunal du commerce qui aboutit soit à un plan de redressement qui peut s’étaler sur dix ans maximum à la demande du dirigeant, soit à une liquidation. Un liquidateur judiciaire prend alors le relais du dirigeant afin de résorber le passif quand c’est possible en vendant les éléments d’actif. Mais il faut savoir que, de par sa fonction, il gère plusieurs entreprises à la fois. C’est donc malheureusement un interlocuteur difficile à contacter.

Donc en tant que repreneur potentiel, il est primordial d’établir un diagnostic des difficultés perçues : à quel stade de difficultés en est l’entreprise ? Quels sont les risques que la situation continue d’empirer ? Et surtout, pourquoi et comment en est-elle arrivée là ? Une fois de plus, il n’y a pas de réponse toute faite. Chaque cas est unique. D’où l’importance de l’étudier avec le plus grand soin.

Un profil atypique

Si l’amour du métier et une appétence particulière pour le management peuvent expliquer l’intérêt d’un repreneur pour une entreprise en difficulté, ils ne suffisent pas. En effet, ce dernier doit savoir faire preuve d’une ténacité indéniable, souvent plus forte que chez des chefs d’entreprise « classiques ». En fait, même s’il peut avoir besoin d’être rassuré par moments, il doit avoir une foi inébranlable en son projet, car il va devoir relancer la machine. Il doit également :

  • posséder une vision stratégique aiguisée,
  • répondre présent aux rendez-vous du marché et savoir plus que quiconque en saisir les opportunités,
  • posséder un fort pouvoir de conviction afin de favoriser l’adhésion de ses futurs salariés et éventuels partenaires,
  • pouvoir mener des hommes et des femmes qui ne demandent qu’à lui faire confiance vers des objectifs communs,
  • associer leurs compétences pour plus d’efficience,
  • posséder des compétences commerciales et de communication particulièrement développées.

Dans l’artisanat par exemple, il s’agit de faire savoir les savoir-faire. C’est d’autant plus nécessaire pour une entreprise qui aspire à une meilleure santé financière. Cela étant dit, ne nous méprenons pas ! Une bonne santé d’emblée ne garantit aucunement l’absence de risques… Par exemple, certains repreneurs ont eu de mauvaises surprises après l’acquisition. En résumé, il est conseillé de mettre de côté vos a priori, et de questionner profondément la réalité de la situation. C’est le meilleur moyen de faire des choix avisés !

Vous souhaitez échanger avec la communauté des entrepreneurs du Grand Est ? Rejoignez-les sur notre groupe Facebook dédié !

Le PACTE Transmission-Reprise, c’est aussi un compte Instagram, une page LinkedIn et une chaîne YouTube avec des témoignages exclusifs.