Et si mes salariés reprenaient mon entreprise ?
Au lancement de ce huitième question/réponse sur la transmission reprise, nous retrouvons Cécile Benoît-Bouchard, conseillère entreprises Service clients à la CMA Moselle. D’ailleurs, vous avez des interrogations auxquelles vous souhaiteriez qu’on réponde ? N’hésitez pas à nous les remonter via nos réseaux sociaux, dont vous trouverez les liens au bas de cette page.
Aujourd’hui, on répond à une question que les cédants ne se posent pas souvent : pourquoi et comment vendre leur entreprise à leurs salariés ?
Dans le Grand Est, comme partout en France, la pyramide des âges pose la question de la cession-reprise. En effet, nombreux sont les chefs d’entreprise désireux de revendre à l’approche de la retraite. Mais on compte également ceux qui, poussés par la crise sanitaire, ont eu un sentiment de saturation, une envie d’autre chose, et donc le souhait de céder leur affaire. De façon générale, la reprise par les salariés n’est envisagée que très rarement. Pourtant, elle présente des avantages, et peut faire l’objet de solutions intéressantes.
Dépasser ses a priori
Parce que le dirigeant d’entreprise est, par définition, le supérieur hiérarchique des salariés, il peut croire – ou se faire dire – que ces derniers n’auront pas les capacités, les compétences ou même les épaules pour lui succéder. Ce biais de perception lui fait omettre une chose évidente : il les connaît. Il connaît même chacun d’entre eux. Et la réciproque est vraie : eux aussi connaissent l’entreprise, les clients, les fournisseurs, et même le potentiel de développement. De plus, si l’entreprise est bien structurée, les salariés sont organisés en équipes, avec des managers à leur tête. Quand on sait que la découverte des lieux et des équipes peut prendre plusieurs mois à un repreneur lambda, tout cela représente un avantage considérable.
La seconde croyance concerne la dimension financière : spontanément, on imagine que les salariés n’auront pas les fonds nécessaires pour le rachat. Même s’ils s’associent. Pourtant, plusieurs dispositifs peuvent leur permettre de faire un tel investissement, de façon individuelle ou collective. Il faut également savoir qu’une reprise par les salariés rassure particulièrement les banques, qui voient dans cette continuité une transmission des plus fluides, ainsi qu’un gage de pérennité de l’entreprise.
Quoi qu’il arrive, informer vos salariés de votre projet de cession est une obligation légale (loi n° 2015-990 du 6 août 2015). Ce « droit d’information préalable des salariés » concerne toutes les entreprises de moins de 250 personnes et dont le CA annuel n’excède pas 50 millions d’euros. Si vous êtes dans ce cas de figure, imaginer que vos salariés puissent vous succéder vous semblera sans doute moins saugrenu.
Comment préparer cette transmission ?
Le plus important est d’anticiper. Comme pour un ordinateur, le dirigeant pourra commencer par « nettoyer » l’entreprise. C’est-à-dire la débarrasser de tout ce qui représente une charge ou un frein dans sa bonne marche. Après cette préparation, il pourra la proposer à ses salariés à un prix juste sur lequel les deux parties se seront accordées. En sachant que ce dernier n’est pas toujours aussi élevé que celui proposé à un repreneur extérieur.
Quant à la question « Qui me remplacera, précisément ? », le dirigeant peut par exemple identifier le ou les leaders parmi ses salariés. C’est-à-dire les éléments dont la fibre entrepreneuriale suggère qu’ils seront de bons chefs d’entreprise. Autre possibilité : le statut de SCOP (Société Coopérative et Participative), qui permet aux salariés de s’associer pour la reprise et de prendre toutes les décisions stratégiques ensemble. D’ailleurs, l’URSCOP (Union Régionale des SCOP) permet d’actionner des leviers financiers et offre un accompagnement très intéressant aux salariés repreneurs. Enfin, même vous en tant que cédant pouvez faciliter les choses. Avec le crédit vendeur, par exemple, qui est une offre de paiement échelonné d’une partie du montant de la cession. Cette démarche permettra à vos salariés d’investir avec un maximum de sérénité, dans une ambiance générale de solidarité. Une belle façon d’honorer votre collaboration arrivée à son terme…
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