S’il y a bien une question que tous les cédants et repreneurs se posent (et doivent se poser) en ce moment, c’est celle-ci. Et ce, quel que soit leur profil : débutant ou expérimenté, avec de nombreuses années d’activité ou pas, en entreprise familiale comme individuelle, en PME ou TPE… Vous l’aurez compris : les enjeux de transmission en période d’inflation sont délicats pour toutes les configurations d’entreprises. L’occasion de faire un point sur ce qui vous attend dans votre projet.

Bien que le mot « crise » soit sur toutes les lèvres depuis plus de 3 ans, il a changé de sens. De la crise sanitaire de la Covid-19 a découlé une crise économique, elle-même contexte d’une inflation qui touche absolument tous les secteurs, avec une seule variable : le degré d’incidence à un instant T. En effet, si les conséquences sur certaines entreprises semblent légères au premier abord, elles peuvent très bien s’alourdir de façon inattendue, et inversement. De plus, comme dans toute crise mondiale, il reste difficile d’émettre des pronostics fiables. Mais cela signifie-t-il que reprendre une entreprise aujourd’hui soit une mauvaise idée ? Heureusement, non.

Pourquoi des défis ?

Suite à la crise sanitaire de 2020, la consommation mondiale dans tous les secteurs a connu un véritable pic. En cause : le « rattrapage » des consommateurs qui se sont mis à dépenser l’épargne accumulée durant les confinements successifs. Pour répondre à cette forte demande, les entreprises ont tenté dès la fin 2020 d’adapter leur rythme de production. Mais entre la faiblesse des stocks disponibles, les pénuries et le dérèglement des chaînes d’approvisionnement (particulièrement en Asie), la tâche s’est avérée beaucoup plus ardue que prévu. Parallèlement, de nouvelles habitudes de consommation ont fait leur apparition avec le développement de tendances comme le télétravail. Résultat : certains secteurs tels que le matériel informatique ou les équipements de la maison ont subi encore plus de tensions. Pour pallier rapidement la pénurie de main d’œuvre nécessaire à l’accélération de la production, les employeurs ont dû revoir les salaires à la hausse. Une revalorisation qui s’est plus ou moins répercutée sur les prix de vente. Pour finir, s’ajoutent à ces péripéties la hausse du coût des énergies qui influence par ricochet celui des produits alimentaires ou manufacturés, ainsi que les pénuries de matières premières catalysées par la guerre en Ukraine.

En résumé, c’est dans cette réaction en chaîne, toujours en cours aujourd’hui, que s’inscrit votre projet de cession-reprise. Mieux en cerner les tenants et les aboutissants vous permettra à la fois de faire les choix les plus judicieux, et d’imaginer ce qui vous attend une fois aux commandes de votre entreprise.

De beaux défis

  • Prendre le temps malgré l’urgence
    Comme dans le cas d’une transmission classique, votre projet devrait s’étendre sur une durée allant de 6 à 18 mois en moyenne. Le temps de poser les questions essentielles que tout repreneur doit avoir en tête :

    – Quel est le motif exact de la vente et les objectifs du cédant et du repreneur : un départ à la retraite ? Une reconversion ? Etc.
    – Quel est l’état de l’activité compte tenu de la crise et quel est son potentiel ?
    – Quel est l’état du marché qui vous concerne ? Qui sont vos concurrents ?

    Certains cédants pourraient être tentés de « solder » leur entreprise pour la vendre plus vite. Par temps de crise, leur but est généralement d’éviter le point de non-retour qu’est la faillite, mais aussi de sauver des emplois, et/ou un patrimoine. Néanmoins, du côté du repreneur, ce prix réduit peut aussi dissimuler des aspects plus négatifs qui seront de mauvaises surprises une fois qu’il aura pris ses fonctions. Le plus délicat sera donc de ne pas vous précipiter, même lorsque l’affaire vous semble très avantageuse et que d’autres repreneurs potentiels la convoitent. Notons d’ailleurs qu’une entreprise à céder pendant la crise n’est pas forcément en soldes. Elle peut très bien appartenir à un secteur impacté positivement par l’inflation (fourniture d’énergie, sidérurgie…).
  • Apprivoiser la difficulté
    En temps de crise, reprendre une entreprise pourrait paraître ambitieux. Pourtant, la projection concrète est plus aisée : on a la chance de connaître le passif de l’entreprise ! Situation financière, possibilités d’évolution commerciale, compétences humaines, etc. Alors pourquoi reporter votre reprise à un « plus tard » flou et imprécis ? Comme dans tout projet d’entrepreneuriat, c’est en élargissant votre analyse que vous identifierez les difficultés : est-ce le secteur qui est concerné par des difficultés particulières ? Ou cela vient-il d’une autre problématique ? Pour répondre à ces questions, les conseillers de la CCI / CMA de votre région et des experts tels qu’un avocat d’affaires / fiscaliste et un comptable, vous seront d’une aide précieuse. Dans le cas de difficultés qui s’expliquent simplement et restent gérables, ils vous montreront que la reprise d’une entreprise peut être l’opportunité de relancer son activité. Voire même, de lui faire retrouver une belle place sur son marché. De quoi satisfaire votre ambition et enthousiasmer votre âme d’entrepreneur. À ce propos, sachez que même si l’entreprise est en liquidation ou en redressement judiciaire, la reprise reste bien évidemment possible, à la mesure de votre amour du défi ! 😉
  • Devenir un expert de la gestion
    On reconnaît un bon capitaine à sa capacité de guider l’équipage dans la tempête avec sang-froid. Alors en tant que futur repreneur, vous devez vous y préparer : dans une entreprise, un des aspects financiers les plus influencés par la crise, ce sont les frais variables, comme les salaires ou les intrants (c’est-à-dire les moyens techniques, financiers et humains mis en œuvre dans le processus de production). Pour pouvoir couvrir ces frais, il importe de connaître votre coût de revient. Plus vous le connaissez précisément, plus votre grille tarifaire sera ajustée et favorable à la bonne santé de votre entreprise, puisqu’elle minimisera les risques de déséquilibre financier. Par ailleurs, si votre activité implique des approvisionnements, vous pouvez par exemple faire en sorte de les sécuriser au maximum, en signant des contrats à plus long terme afin de garantir des prix prévisibles, mais aussi en soignant votre relation avec vos fournisseurs, afin de leur donner envie de continuer à collaborer avec vous plutôt qu’avec des clients qui seraient plus rentables. Autre exemple d’une bonne gestion : l’optimisation des processus. En investissant dans une modernisation des équipements par exemple, vous pouvez augmenter votre productivité, donc vos bénéfices. Si l’entreprise que vous convoitez peut bénéficier de tels investissements, pensez à les inclure dans votre budget prévisionnel.

    Bien sûr, les défis à relever dans le cadre d’une transmission d’entreprise en période d’inflation sont plus nombreux et encore plus spécifiques que ceux-ci ! D’où l’importance de vous entourer de conseillers et d’experts en cession-reprise… En attendant, nous ne doutons pas qu’avec cette base de réflexion, vous saurez concrétiser votre projet en toute intelligence.

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