Reprendre une entreprise, ça ne s’improvise pas
La reprise d’entreprise est une aventure entrepreneuriale unique, mais loin d’être un exercice simple. Au-delà des aspects financiers et juridiques, la transmission-reprise s’inscrit dans un paysage économique en pleine mutation…
La transmission-reprise d’entreprise demande anticipation, réflexion et accompagnement adapté. Aujourd’hui plus que jamais, reprendre une entreprise ne s’improvise pas et nécessite de bien comprendre les tendances actuelles et les ressources disponibles pour réussir ce défi.
Vers une évolution de la transmission-reprise ?
La transmission d’entreprise évolue avec les transformations sociétales et économiques. De nouveaux modèles émergent, permettant aux entreprises de s’adapter aux réalités actuelles. Sur le site Mes Infos, Thomas Dreyfus, entrepreneur, évoque ainsi le « search fund », une solution inventée aux États-Unis il y a déjà 40 ans : « Il s’agit d’une solution de transmission d’entreprise où le contact est direct entre le cédant et le repreneur. Le repreneur monte un projet en amont de la recherche d’entreprise à racheter, avec des financements et en regroupant un certain nombre d’experts. Une quinzaine en général qui apporte un soutien financier, mais aussi sur tout un panel d’expertises afin de mieux gérer la transmission et ensuite la gestion de l’entreprise. ». Ce modèle facilite la transmission en assurant une sécurisation opérationnelle et financière. Au cœur de cette méthode : la volonté de personnaliser les processus pour répondre aux besoins des deux parties : « Parler de transmission, c’est dynamiser nos entreprises, car les PME et ETI sont le poumon de l’économie française. Ce sujet ne doit pas être tabou, mais un défi. ».
L’évolution du repreneuriat passe également par un changement dans le profil des repreneurs. Traditionnellement dominé par les hommes, ce processus voit de plus en plus de femmes s’y impliquer. C’est d’ailleurs sur ce sujet, et en particulier sur la place des femmes dans les reprises familiales, que s’expriment Annabelle Jaouen et Audrey Missonier dans un article dédié : Daughters : invisible heroes of family businesses ?1 Interrogées par Les Echos, elles soulignent l’importance de valoriser la reprise d’entreprise par les femmes : « Dans le monde des affaires, les femmes réalisent moins de 10 % des reprises d’entreprise. C’est donc un sujet fondamental dans les études sur l’entrepreneuriat, afin d’encourager les femmes à reprendre l’entreprise familiale. ». Ces études cherchent aujourd’hui à encourager un leadership féminin, essentiel pour l’avenir des transmissions.
L’enquête menée par Transmission Lab, en partenariat avec la Fondation MMA2 et mise en avant dans Les Echos, renforce cette perspective. Nadia Nardonnet, la fondatrice de Transmission Lab, souligne qu’il y a un biais de genre dans la reprise : « L’étude nous apprend qu’il y a des différences de fait. La principale selon moi, c’est l’idée même que se font les femmes de la transmission. ». Et, s’il vaut mieux éviter de tomber dans certains clichés, l’étude met surtout en avant la nécessité de faire les choses différemment : « Les femmes recherchent avant tout un « plus » pour leur entreprise, et non pour elles en premier. Leur accompagnement doit être plus humain et moins financier. »
Ces évolutions montrent que la transmission-reprise ne peut plus se limiter à une transaction. C’est un enjeu stratégique où diversité et innovation jouent un rôle essentiel.
Échanger pour avancer
Un processus stratégique tel que la transmission-reprise ne peut évoluer sans débats ni partages d’expériences. Ces derniers mois, les prises de parole d’experts se multiplient, insistant sur l’importance d’une préparation minutieuse. Sur le magazine en ligne Fusions-Acquisitions, Thierry Lamarque doctorant en Business Administration, précise que la cession doit être anticipée, car elle peut s’étaler sur plusieurs années. Il est crucial que la transition soit bien pensée à tous les niveaux de l’entreprise. De nombreux podcasts et interviews, comme ceux de France Bleu ou Le Figaro, traitent de ces enjeux complexes, en mettant en avant les bonnes pratiques pour préparer la transmission.
Aujourd’hui, il est nécessaire de proposer des réflexions sur la transmission d’entreprise dans un monde profondément bouleversé par le Covid. Et c’est d’ailleurs ce que fait le podcast « Histoires économiques » sur France Inter. Le secteur de l’hôtellerie, par exemple, touché par les confinements, voit ses modes de transmission profondément bouleversés, tandis que d’autres secteurs, comme le commerce de détail, doivent s’adapter aux nouvelles réalités de la vente en ligne.
Marie Ravet, lors du salon Eurobois à Lyon, sur le plateau de Bati-Journal, résume bien les enjeux de la reprise d’entreprise : « Quand on devient le patron d’une TPE-PME, on sait tous que toutes les casquettes sont sur la tête du chef d’entreprise. Donc il important d’aller chercher tous les outils pour réussir cette reprise. »
L’accompagnement, la clef de la transmission-reprise
Face aux défis grandissants de la transmission-reprise, de nombreux dispositifs de soutien ont vu le jour. Des mesures fiscales, telles que des abattements sur les donations et successions, jusqu’aux subventions régionales, les outils d’accompagnement se multiplient pour encourager et sécuriser la reprise.
Le Figaro met en lumière l’évolution du cadre législatif en faveur des transmissions, avec l’augmentation des abattements fiscaux en cas de donation ou cession d’entreprise. À une échelle plus locale, certaines régions, comme les Ardennes, ont mis en place des aides spécifiques telles que la subvention « Aide à la reprise d’entreprise », comme indiqué sur le site Fonds-Publics.fr.
Ces dispositifs sont souvent accompagnés de rendez-vous régionaux permettant aux entrepreneurs de se former, d’échanger et de bénéficier de conseils personnalisés. Ces rencontres, généralement organisées par les chambres consulaires, constituent une base essentielle pour structurer les projets de reprise.
Comme l’a souligné Valérie Bottelin, responsable de l’antenne déodatienne de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat, lors d’un événement relayé par Vosges Info : « créer ou reprendre une entreprise, ça ne s’improvise pas. L’objectif est de ne pas imposer un schéma type, mais de s’adapter à chaque créateur ou repreneur. Le constat est que le taux de réussite d’un projet d’entreprise est de 75 % au bout de 3 ans s’il est accompagné. Ce taux de réussite tombe à 50 % sans accompagnement. ».
Se faire accompagner dans son projet, c’est l’une des clés de la réussite.
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- « Daughters : invisible heroes of family businesses ? » par Audrey Missonier, Annabelle Jaouen et Béatrice Albert, article paru dans l’ouvrage Business Transfers, Family Firms and Entrepreneurship chez Routledge ↩︎
- Enquête réalisée par Transmission Lab en partenariat avec la Fondation MMA des Entrepreneurs du Futur, le réseau FCE (Femmes chefs d’entreprises) et le CJD (Centre des jeunes dirigeants d’entreprise) Rhône-Alpes auprès de 144 femmes et 123 hommes dirigeants. Menée en deux temps (2019 et 2023) ↩︎