En janvier 2023, Christelle Witz reprend Solinstal à Saint-Dié-des-Vosges. Une entreprise familiale, fondée en 1957, spécialisée dans les revêtements de sols et de murs, pour les pros comme les particuliers. Pour elle, c’est bien plus qu’un projet professionnel : un défi personnel en tant que femme, un engagement local… et une histoire de famille.

Quand elle parle de son entreprise, Christelle Witz dit « on ». Pas par réflexe, mais par choix. « On est une petite famille, on travaille main dans la main, avec l’équipe, les clients, les mairies, les institutions. On s’entraide. » Le dynamisme économique en milieu rural, forcément, ça lui parle.

Un projet construit avec l’entourage

Pourtant, rien ne destinait nécessairement Christelle Witz à devenir cheffe d’entreprise. Issue du secteur du bâtiment, avec une solide expérience en secrétariat, elle n’avait jamais occupé de poste de direction. Mais l’idée a mûri.

Son mari, peintre et solier depuis plus de 30 ans, connaissait bien Solinstal. Le dirigeant partait à la retraite. L’entreprise était saine. Et elle-même avait envie de passer un cap.

« J’étais bien entourée, j’avais des compétences autour de moi. On a analysé, réfléchi, et on s’est lancé. » Christelle Witz reprend les parts sociales. Elle conserve donc toute l’équipe, connaît déjà certains clients, et se forme sur le terrain avec le cédant. « J’ai été accompagnée par Jean-Marc Poirot pendant plusieurs semaines. J’allais avec lui sur les chantiers, il me présentait : c’était un vrai passage de relais. »

Ancrage local et esprit familial

L’idée, dès le départ, est claire : conserver l’ADN de Solinstal. « C’est une entreprise connue ici. Elle a toujours eu une bonne image. Les gens la respectent. Je voulais continuer sur cette voie. » Mieux encore : elle y ajoute une touche familiale. Ses fils la rejoignent, chacun avec sa spécialité. « Je ne voulais pas juste reprendre. Je voulais que ça vive, que ça continue. »

Cet ancrage, Christelle Witz l’entretient au quotidien. Elle sponsorise des associations locales, cultive la proximité avec les élus, travaille le bouche-à-oreille. « On est une petite ville, tout le monde se connaît. Ce qui fait la différence, c’est le relationnel, l’écoute, la disponibilité. »

Évoluer sans trahir

Depuis sa reprise, elle a déjà impulsé plusieurs évolutions. Un espace dédié aux tapis. Des toiles tendues rétro-éclairées. De la peinture, du mobilier design. « L’idée n’est pas de tout changer, mais d’apporter des compléments. De faire évoluer l’offre tout en gardant l’esprit de la maison. »

Et ça fonctionne. Les clients apprécient, les équipes aussi. Quentin, vendeur magasinier et préparateur de commande, à l’accueil, Bryan au nouveau poste de technico-commercial, les poseurs : chacun accomplit sa mission, dans un climat de confiance.

Affirmer sa place

Dans un secteur encore très masculin, elle reconnaît que sa posture de femme n’est pas toujours évidente. « Il faut savoir s’imposer. Au début, ce n’est pas toujours facile. Mais une fois qu’on a prouvé qu’on était là pour de bon, avec sérieux, ça change. »

La reconnaissance commence d’ailleurs à suivre. En 2025, elle est nommée dans la catégorie « Reprise d’entreprise » des Trophées « Elles entreprennent dans les Vosges », portés par la CPME 88. « C’est une vraie fierté. Un petit coup de projecteur qui fait du bien. »

Si elle avait un conseil à donner à celles qui hésitent ? Il serait simple : « Si l’idée de reprendre une entreprise vous trotte dans la tête, allez-y. Le regret est pire que l’échec. Entourez-vous, préparez-vous, mais n’attendez pas. Il faut oser. »

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