Le redémarrage des ventes et cessions d’entreprises en France ne peut pas encore se chiffrer mais la tendance semble se confirmer. Malgré un contexte international anxiogène, un vent d’optimisme souffle sur 2022. On vous dit tout.

Fin 2021, le réseau national de conseil en cession et reprise de commerces et d’entreprises a confirmé la reprise et la hausse des ventes et cessions. Il a enregistré une croissance de son activité avec une augmentation de 17 % du nombre de cessions accompagnées en 2021 et une hausse de 11 % des demandes de la part de candidats à la reprise.

Ce n’est pas l’association spécialisée dans l’aide à la repris, « Cédants et repreneurs d’affaires », qui dira le contraire. Bernard Fraioli, son président, précise même au magazine en ligne Capital qu’« hormis un coup de mou au printemps dernier, les repreneurs sont restés plutôt actifs » et que « [leurs] prochaines séances de formation sont d’ailleurs pleines. »

À noter toutefois : tous les secteurs ne sont pas égaux face à cette reprise. Grâce à la sortie de la crise sanitaire, ce sont principalement les commerces de proximité qui ressortent gagnants. Pour les secteurs soumis à la clientèle étrangère (hôtellerie, culture, événementiel…) la reprise tarde à se confirmer.

La balance de l’humain et du financier

Si tous les secteurs ne sont pas égaux face à la reprise, la simplification et l’assouplissement de la législation et de la fiscalité pourraient leur redonner de l’élan. Nous l’évoquions dans notre premier « Vu pour vous » et de nombreux articles ont depuis détaillé cette loi de finances 2022 : cette année, la cession d’entreprise sera facilitée.

Le Journal du Net, ou encore les sites spécialisés tels que Use your law ou Weblex, font la synthèse des dispositifs mis en place :

  • déduction fiscale d’un fonds de commerce,
  • exonérations d’impôt ou des plus-values professionnelles,
  • aménagement de l’exonération des plus-values de cession d’entreprises,
  • renforcement du crédit d’impôt pour la formation des chefs d’entreprise.

Et même si le contexte pourrait légitiment faire passer le financier au premier plan, c’est bien le volet humain qui s’avère en définitive le plus important. Car sans les bonnes personnes, pas de bonne reprise. Jérémy Char, responsable du Bureau lyonnais de consultants Celencia, confirme. À l’occasion d’un webinaire sur les enjeux d’une reprise, l’expert estime que 60 à 70 % des opérations n’atteignent pas leurs objectifs, à la fois financiers et commerciaux : « Après analyse, commente-t-il, on s’aperçoit que ces échecs ne sont pas forcément liés à l’opération technique de rachat en elle-même, mais surtout à deux facteurs : celui de l’accompagnement humain et celui des travaux de déclinaison opérationnelle, souvent sous-estimés. »

Une histoire de famille

La crise sanitaire et les traces psychologiques qu’elle a laissées sur les indépendants ont été intégrées. The Conversation France, le média universitaire, analyse finement les facteurs psychologiques, culturels et émotionnels auxquels le dirigeant-cédant est particulièrement confronté, dans le cadre d’une succession familiale. Le fils d’un dirigeant cédant témoigne :

« Je sens tout de même que mon père accuse le coup. Il a du mal à tourner complètement la page. »

Si la cession est difficile à vivre pour tous les dirigeants qui passent la main, le contexte familial peut exacerber certaines difficultés et réticences. L’annonce, par le ministre de l’Économie Bruno le Maire, d’un possible doublement du plafond d’exonération sur les droits de succession, et ce notamment dans le cadre d’une transmission d’entreprise, pourrait lever certaines de ces réticences.

À l’occasion d’un débat « avec des candidats à l’élection présidentielle ou leurs représentants », que relate le magazine Capital, le ministre s’est en effet déclaré très favorable « au capitalisme familial. »

Il n’en reste pas moins, quel que soit le contexte, que c’est l’humain qui fait la différence. L’humain qui s’engage pour que l’histoire d’une entreprise se prolonge. L’humain qui l’accompagne et le conseille. Notamment dans nos CCI et CMA.