La reprise d’entreprise : c’est reparti !
Une année 2022 record, une année 2023 sur la même voie : la transmission-reprise semble avoir prouvé qu’elle était légitime pour l’entrepreneuriat et dans l’économie. Faisons le point.
On le sait, le monde des entreprises évolue en même temps que le monde environnant. Or, les changements, déjà nombreux et majeurs ces dernières années, ont encore franchi un cap avec les crises successives. Bouleversements sanitaires, économiques, géopolitiques, climatiques, sont autant de paramètres inédits avec lesquels il faut composer.
Une hausse record
Il semblerait que la transmission-reprise d’entreprise ait appris à surfer sur l’incertitude, faisant de ces bouleversements une force et, surtout, des leviers d’opportunités. Le nombre de ventes et cessions d’entreprises en témoigne : il a bondi de 14,3 % en 2022, atteignant son plus haut niveau depuis cinq ans ! 31 717 transactions ont été enregistrées en 2022, contre 28 000 en 2021 et 25 300 en 2020.
Dans la dernière étude Altares, Thierry Million, directeur des études, nous révèle que « le rachat de fonds de commerce s’accélère en 2022 après un redémarrage timide en 2021. […] Une disposition fiscale en faveur des petites entreprises a pu encourager certaines à racheter des fonds. Cette disposition peut également avoir contribué à la hausse du montant moyen des transactions constatée en 2022. La qualité des fonds cédés explique bien entendu également cette inflation. ».
Parmi les secteurs qui bénéficient de cette hausse record, la restauration, qui représente un quart des échanges avec 7 608 établissements cédés. La restauration assise, qui avait connu une baisse d’attractivité en 2021, retrouve une dynamique positive avec 4 490 établissements cédés. La restauration rapide enregistre elle aussi une forte hausse avec la cession de 3 118 établissements. De leur côté, les cafés retrouvent un regain d’énergie après une année 2021 dans le négatif. Seule la boulangerie-pâtisserie enregistre un léger déclin, ses cessions d’entreprises diminuant de 6,3 % par rapport à 2021.
Globalement, le marché a été porté par les très petites entreprises (+ 15 %) : plus de 9 rachats sur 10 ont été réalisés par des entrepreneurs à la tête d’une TPE. Une bonne nouvelle quand on sait qu’en moyenne, une TPE génère trois emplois.
Des reprises inspirantes
Si la reprise d’entreprise a le vent en poupe, c’est aussi parce que les salariés sont en pleine quête de sens dans leur travail. Interrogé par Le Parisien, Guillaume Pepy, président du réseau Initiative France depuis 2020, y voit l’une des raisons de cet engouement : « Il y a le besoin de sens. Pour certains, leur métier n’en a pas assez. En se lançant, ces personnes veulent faire du bien à la société, à leur territoire, créer de l’emploi et surtout avoir une vraie dimension environnementale dans deux cas sur trois. ».
Générer de l’emploi, faire perdurer un savoir-faire, prendre la tête de l’entreprise familiale : des motivations qui ont du sens en effet et d’ailleurs, les témoignages de reprise qui font de ces motivations une force se multiplient :
- Fortwenger a repris l’usine Cémoi de Molsheim,
- le Groupe Brochard a réussi sa transmission familiale avec Armelle Lecerf, ou encore le groupe Semin avec Caroline Semin (nous ferons un focus sur la reprise familiale dans le prochain Vu pour vous spécial 20 ans du Pacte Dutreil),
- Olivier Cases a choisi de reprendre une entreprise spécialisée dans la mécanique de précision malgré son inexpérience dans le domaine,
- la menuiserie vosgienne Les Zelles a été reprise grâce à ses salariés.
Ce dernier exemple, le rachat d’une entreprise par ses salariés, constitue d’ailleurs l’un des leviers sur lequel la Confédération générale des SCOP veut s’appuyer pour la transmission.
Coïncidence ou combat bien mené : une proposition de loi déposée à l’Assemblée nationale en juillet vise à créer un droit de préemption des salariés en cas de cession d’entreprise. À l’échelle nationale, le nombre de transmissions en SCOP a doublé depuis le Covid, passant de 25 à 50 par an. Un fonctionnement qui permet d’innover aussi bien dans son cœur d’activité que socialement, comme nous le rapporte Demain TV, et qui permettrait d’augmenter les chiffres de la transmission d’entreprise. Car chaque année, on l’apprend dans Les Échos Business, 40 % des dirigeants de PME-ETI ne trouvent pas de repreneurs.
L’importance du réseau
La transmission familiale ou auprès des salariés sont idéales. Mais comment faire lorsque les enfants refusent de reprendre l’entreprise de leurs parents ? Ou que les salariés ne souhaitent pas se lancer ? La réponse est dans l’action : il faut activer ses réseaux.
Olivier Cases, malgré sa reprise réussie, alerte en effet dans l’Indépendant sur la solitude que peut ressentir le dirigeant face à ce projet : « si on ne veut pas que nos savoir-faire disparaissent, il faudrait faciliter la capacité de ceux qui veulent reprendre une entreprise. Tout est devenu très complexe : administratif, financement de l’acquisition et du développement, recrutement etc. ». Car oui, pour bien reprendre, il faut être bien accompagné.
Et ce ne sont pas les aides qui manquent, tant sur le plan administratif que financier. Certains pourront se rapprocher de Business Angels, très intéressés par la reprise. Pierre Vieillard, président de BFC Angels interrogé par Le Bien Public, conforte ce discours : « Nous nous sommes rendu compte que le marché de la reprise d’entreprise était très dynamique. Les chiffres sont parlants : la moyenne d’âge des dirigeants de TPE ou de PME en Bourgogne-Franche-Comté est de 52 ans. ». D’autres misent sur des fonds moins connus, tels que le « search fund », qui soutient les candidats à la reprise d’entreprise tout au long de leur recherche, et dont vous retrouverez une présentation dans Le Journal des Entreprises.
Les chambres consulaires ont bien sûr un rôle important à jouer à travers leurs événements* ou leur activité de conseil**. Elles peuvent non seulement accompagner les dirigeants actuels vers la transmission, mais aussi donner les bonnes clés aux entrepreneurs qui veulent reprendre une activité.
La reprise d’entreprise gagne en image
Si les difficultés n’ont pas disparu, la crise a joué un rôle positif pour l’image du repreneuriat, enfin considéré à sa juste valeur : celle d’un véritable acte d’entrepreneuriat, d’une véritable alternative à la création. Capitaliser sur une société déjà structurée apporte plus de sérénité en cette période troublée, elle n’empêche nullement l’envie d’entreprendre et de défendre sa propre vision.
Les avantages du repreneuriat s’accompagnent bien sûr des mêmes inconvénients que l’entrepreneuriat classique, notamment en matière d’inégalités femmes-hommes (nous en parlions dans ce Vu pour vous ).
« Elles se sentent moins légitimes », souligne Caroline Dumond, Directrice générale du premier incubateur dédié à la reprise d’entreprise par des femmes, dans Les Echos.
Un sentiment d’illégitimité qui impacte leur motivation alors qu’elle est capitale dans ce genre de projets. Ce n’est pas Olivier Meier, professeur de stratégie et de management à Paris Est, Paris Dauphine et Sciences Po, qui nous contredira dans son ouvrage « Reprise d’entreprise : les motivations du repreneur ». Déjà épuisé en papier mais toujours disponible en e-book.
Laissons le mot de la fin à Julien Hody, jeune cofondateur de Le Chef en box, qui se confie dans Les Echos Entrepreneurs : « Dans les écoles de commerce, on a tendance à glorifier la création, le fait de partir de zéro (…) C’est une expérience intéressante mais j’aurais aimé qu’on me présente la reprise, qui est tout aussi excitante et moins risquée. ».
En 2024, on espère donc que la reprise confirmera sa nouvelle dynamique, tout en étant meilleure élève que la création en matière de parité.
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*https://cma-grandest.fr/2023/04/20/invitation-a-latelier-pacte-transmission-reprise-comment-evaluer-son-entreprise/
https://gerardmerinfo.fr/2023/05/trois-conferences-transmission-dentreprises/
https://www.centpourcent-vosges.fr/actualites-vosges/emploi-vosges/transmission-dentreprise-les-cles-pour-assurer-un-avenir-a-votre-entreprise-a-bulgneville/
https://www.centpourcent-vosges.fr/actualites-vosges/emploi-vosges/la-cci-et-la-cma-des-vosges-organisent-une-derniere-conference-pour-aider-les-cedants-et-repreneurs-dentreprises/
https://www.gazettemoselle.fr/article/ceder-reprendre-une-entreprise-autrement
**https://www.ille-et-vilaine.cci.fr/agenda/cession-d-entreprises-le-role-de-l-avocat-d-affaires
https://le-periscope.info/le-journal/la-cci-alsace-eurometropole-linterlocuteur-privilegie-de-la-cession-transmission-des-entreprises/ https://www.hautes-alpes.cci.fr/actualite/cession-dentreprise-les-principales-formalites-juridiques