L’activité des cessions et reprises d’entreprises a repris doucement en 2022. De bon augure pour 2023, surtout que la transmission-reprise est un levier capital pour l’économie. On fait le point sur l’actualité de ces derniers mois de l’année.

Si elles restent nuancées, plusieurs études montrent que la dynamique autour des cessions et reprises est sur la bonne voie.

Menée en 2022 par Bpifrance Le Lab et France Invest auprès de 668 dirigeants de PME, une étude concernant la croissance externe des PME dévoile un chiffre clair et net : 81 % des chefs d’entreprises interrogés ont envisagé d’acquérir une entreprise au cours des 5 dernières années. 34 % sont allés au bout de la démarche. Des acquéreurs au profil semblable : plus de 51 ans, à la tête de leur entreprise depuis plus de 10 ans. Parmi eux, 47 % prévoient de vendre leur entreprise dans les 5 prochaines années.

Autre branche d’activité, autre étude. Lancée par la CFBCT (Confédération Française de la Boucherie, Boucherie-Charcuterie, Traiteurs), elle concerne le secteur de la boucherie et met en avant un tout autre profil de repreneur. 36 ans d’âge moyen pour ceux qui souhaitent reprendre, 54 ans pour les cédants. Ces derniers sont 48 % à parler retraite. 15 % pensent à leur état de santé, 13 % s’inquiètent du contexte économique général. Parmi les 40 % qui envisagent sérieusement la cession de leur entreprise, seuls 6 % ont une personne de leur entourage intéressée pour prendre leur suite. La dynamique personnelle doit toujours se confronter à la réalité. C’est d’ailleurs pour les accompagner au mieux que la CFBCT, en partenariat avec In Extenso, a mis en place un simulateur en ligne d’évaluation de la valeur des fonds de commerce de boucherie gratuit pour les adhérents.

Être vu pour réussir

Si tous les secteurs sont différents, il y a bien deux facteurs clés pour que les cessions-reprises rencontrent le succès : l’accompagnement et la visibilité. Or, même si le segment des TPE-PME est le plus actif, il s’avère que ce sont les entreprises les moins visibles. Arthur Porré, cofondateur d’une banque d’affaires spécialisée dans la tech, précise qu’il est plus compliqué de vendre un petit business puisque « ce n’est pas économiquement viable d’aller voir une banque d’affaires ».

C’est en partant du constat que seuls des sites très spécialisés permettaient d’être au fait de ces transactions entourant les « small cap » que Matthieu Stefani, Germain Michou-Tonning et Thomas Colin ont créé Alvo, une start-up spécialisée qui recense les TPE-PME valorisées à moins de 5 millions d’euros. Afin de simplifier et d’accélérer les transactions, ils ont fait de l’intermédiation leur credo. La marketplace réunit au même endroit l’ensemble des acteurs de la transmission d’entreprise : cédants, repreneurs, intermédiaires, conseils, financeurs.

De son côté, la plateforme DotMarket s’est spécialisée dans l’achat-vente de petits sites web valorisés entre 50 000 et 3 millions d’euros.

Deux start-ups qui veulent révolutionner le monde de la cession-transmission en leur offrant de nouvelles perspectives ? C’est la bien preuve d’une dynamique en marche.

La transmission familiale en France à la traîne

Parfois, c’est aussi l’entourage proche qui peut ouvrir de nouveaux horizons. Or, nous vous en parlions dans notre Vu pour vous n°2 : de par l’affect qui lie cédants et repreneurs, la transmission familiale est parfois plus complexe. Une complexité encore accrue pour les femmes, encore trop souvent mises à l’écart, par conservatisme ou manque de modèles.

C’est d’ailleurs ce que pointent du doigt Audrey Missonier et Annabelle Jaouen, deux chercheuses en entrepreneuriat, qui s’intéressent aux difficultés d’accès des filles à la reprise de l’entreprise familiale. « Le fils est souvent vu par la famille, les banques, les parties prenantes comme le successeur légitime. Le père recherche quelqu’un pour assurer la pérennité de son entreprise. Il aura tendance à s’orienter vers l’enfant qui lui ressemble le plus, le fils le plus souvent ». Pourtant, « il est important d’encourager les filles qui le souhaitent, à reprendre l’entreprise familiale ».

Un rapport de la mission de suivi sur la transmission d’entreprise du Sénat souligne à quel point cet écueil de la transmission familiale en France est un point noir. Il indique qu’« en France (…) on compte 14 % de transmissions familiales contre 50 % en Allemagne et 70 % en Italie ». La priorité, pour les rapporteurs, est de stabiliser le droit en vigueur, en particulier le Pacte Dutreil, qui ouvre à une exonération partielle des droits de donation.

Parmi les autres solutions évoquées pour favoriser la transmission :
– la création d’un chèque conseil,
– l’abrogation de la loi Hamon de 2014,
– la pérennisation des crédits d’impôt et le relevage des abattements fiscaux lors d’un rachat,
– l’harmonisation du taux des droits d’enregistrement.

Des propositions étudiées dans le cadre du projet de loi de Finances pour 2023, et qui permettraient aux PME de se développer et de devenir des ETI (entreprises de taille intermédiaire), dont la France manque cruellement par rapport à ses voisins européens.

Reprendre une entreprise, ça s’apprend

Pour se donner une chance de développer cette branche entrepreneuriale, certaines formations voient le jour. Comme dans le Grand Est, par exemple, où le CRESS (Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire) et ses partenaires ont mis en place une formation de 35h individualisée et spécifique. Prise en charge à 100 % par la région Grand Est, elle informe sur les possibilités que l’ESS offre à la reprise ou à la création d’entreprise.

Si suivre une formation spécialisée n’est pas faisable, il est aussi possible de se référer à la dernière version du guide Transmettre ou reprendre une entreprise en 2023, sorti il y a quelques semaines.

Bilan ? La reprise d’entreprise a une forte utilité économique et sociale. Elle permet le maintien de l’ancrage territorial et une réelle préservation des savoir-faire. Les CCI et CMA peuvent vous aider. Elles sont là pour lever vos freins potentiels et organiser des événements tout au long de l’année, qui sont autant d’occasions de répondre à vos interrogations.

De quoi aller plus loin sur le chemin de la transmission ou de la reprise d’entreprise, quel que soit votre profil.

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